Le temps qui nous reste à vivre !
« Le temps qu’il nous reste à vivre est plus important que toutes les années écoulées » Léon Tolstoï
Notre temps sur cette terre est forcément limité.
Cette conscience du précieux temps qui passe. Que jamais rien ne pourra rattraper, doit nous pousser à ne pas nous laisser voler notre temps.
Et pourtant … notre temps nous est souvent volé, et nous sommes parfois nos propres voleurs.
Nous gâchons souvent notre temps, nous gâchons notre vie.
Marc Lévy, dans « Et si c’était vrai » parle du jeu des 86 400 secondes.
« C’est un jeu, tous les matins au réveil on te donne 86 400 dollars, avec pour seule contrainte de les dépenser dans la journée, le solde non utilisé étant repris quand tu vas te coucher, mais ce don du ciel ou ce jeu peut s’arrêter à tout moment, tu comprends ?
Alors la question est : que ferais-tu si un tel don t’arrivait ?
Il répondit spontanément qu’il dépenserait chaque dollar à se faire plaisir, et à offrir quantité de cadeaux aux gens qu’il aimait….mais où veux-tu en venir ? Elle répondit : cette banque magique nous l’avons tous, c’est le temps! la corne d’abondance des secondes qui s’égrènent.
Chaque matin, au réveil, nous ne sommes crédités de 86400 secondes de vie pour la journée, et lorsque nous nous endormons le soir il n’y a pas de report à nouveau, ce qui n’a pas été vécu dans la journée est perdu, hier vient de passer. Chaque matin cette magie recommence, nous sommes recrédités de 86400 secondes de vie, et nous jouons avec cette règle incontournable: la banque peut fermer notre compte à n’importe quel moment, sans aucun préavis : à tous moment, la vie peut s’arrêter. Alors, qu’en faisons-nous de nos 86400 secondes quotidiennes ? Cela n’est-il pas plus important que des dollars, des secondes de vie ? »
Dans « L’art du temps » Jean-Louis Servan-Schreiber proposait de remplacer systématiquement, dans nos phrases, le mot « temps » par le mot « vie »
C’est une excellente façon de clarifier nos comportements et nos priorités. « Prendre son temps » devient « perdre sa vie » et ça change tout !
Puisque ce temps nous est compté, ne devrions-nous pas nous demander sérieusement comment nous l’utilisons ?
Ne devrions-nous pas arrêter de laisser notre vie nous filer entre les doigts ? Ne devrions-nous pas reprendre les rênes et décider de ce que nous voulons vraiment et nous donner les moyens d’ l’obtenir !!
Combien de précieuses secondes gâchons nous à ruminer le passé ou à soupirer après un avenir fantasmé ?
Quel usage faisons-nous du présent ? Quels actes posons-nous pour avoir vraiment la vraie vie que l’on veut ? Que l’on mérite ? Qui est digne de nous ?
« Nous n’avons pas trop peu de temps, mais nous en perdons beaucoup. La vie est assez longue ; elle suffirait, et au-delà, à l’accomplissement des plus grandes entreprises, si tous les moments en étaient bien employés. Mais quand elle s’est écoulée dans les plaisirs et dans l’indolence, sans que rien d’utile en ait marqué l’emploi, le dernier, l’inévitable moment vient enfin nous presser : et cette vie que nous n’avions pas vue marcher, nous sentons qu’elle, est passée.
Pour qui sait l’employer, la vie est assez longue. Mais l’un est dominé par une insatiable avarice ; l’autre s’applique laborieusement à des travaux frivoles ; un autre se plonge dans le vin ; un autre s’endort dans l’inertie ; un autre nourrit une ambition toujours soumise aux jugements d’autrui ; un autre témérairement passionné pour le négoce est poussé par l’espoir du gain sur toutes les terres, par toutes les mers ; quelques-uns, tourmentés de l’ardeur des combats, ne sont jamais sans être occupés ou du soin de mettre les autres en péril ou de la crainte d’y tomber eux-mêmes. On en voit qui, dévoués à d’illustres ingrats, se consument dans une servitude volontaire.
Plusieurs convoitent la fortune d’autrui ou maudissent leur destinée ; la plupart des hommes, n’ayant point de but certain, cédant à une légèreté vague, inconstante, importune à elle-même, sont ballottés sans cesse en de nouveaux desseins ; quelques-uns ne trouvent rien qui les attire ni qui leur plaise : et la mort les surprend dans leur langueur et leur incertitude.
Aussi cette sentence sortie comme un oracle de la bouche d’un grand poète me parait-elle incontestable : Nous ne vivons que la moindre partie du temps de notre vie ; car tout le reste de sa durée n’est point de la vie, mais du temps.
Je m’adresserai volontiers ici à quelque homme de la foule des vieillards : « Tu es arrivé, je le vois, au terme le plus reculé de la vie humaine ; tu as cent ans ou plus sur la tête ; hé bien, calcule l’emploi de ton temps ; dis-nous combien t’en ont enlevé un créancier, une maîtresse, un accusé, un client ; combien tes querelles avec ta femme, la correction de tes esclaves, tes démarches officieuses dans la ville. Ajoute les maladies que nos excès ont faites ; ajoute le temps qui s’est perdu dans l’inaction, et tu verras que tu as beaucoup moins d’années que tu n’en comptes.
Rappelle-toi combien de fois tu as persisté dans un projet ; combien de jours ont eu l’emploi que tu leur destinais ; quels avantages tu as retirés de toi-même ; quand ton visage a été calme et ton cœur intrépide ; quels travaux utiles ont rempli une si longue suite d’années ; combien d’hommes ont mis ta vie au pillage, sans que tu sentisses le prix de ce que tu perdais ; combien de temps t’ont dérobé des chagrins sans objet, des joies insensées, l’âpre convoitise, les charmes de la conversation : vois alors combien peu il t’est resté de ce temps qui t’appartenait, et tu reconnaîtras que ta mort est prématurée.
Quelle en est donc la cause ? Mortels, vous vivez comme si vous deviez toujours vivre.
Il ne vous souvient jamais de la fragilité de votre existence ; vous ne remarquez pas combien de temps a déjà passé ; et vous le perdez comme s’il coulait d’une source intarissable, tandis que ce jour, que vous donnez à un tiers ou à quelque affaire, est peut-être le dernier de vos jours. Vos craintes sont de mortels ; à vos désirs on vous dirait immortels.
Mais combien est courte et agitée la vie de ceux qui oublient le passé, négligent le présent, craignent pour l’avenir ! Arrivés au dernier moment, les malheureux comprennent trop tard qu’ils ont été si longtemps occupés à ne rien faire. » Sénèque.