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On ne nait pas Homme, on le devient.

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On n’est pas automatiquement un être humain, on le devient.

Une vie digne, ça se construit.

Aujourd’hui je sors un peu de mon enjouement naturel.
Je veux vous raconter une histoire vraie qui me tient énormément à coeur.

Qui résonne en moi en ces temps où:

« L’âme peut se perdre quand le monde se fait menaçant. »

♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦

« Un homme ça s’empêche »

L’homme qui prononce cette phrase est debout.

A côté du cadavre d’un homme mutilé.

La plus abominable des mutilations: le sexe tranché et planté dans la bouche.

Mutilation physique et symbolique.

L’homme debout, l’homme révulsé qui prononce ces mots est un homme ordinaire.
Un pauvre.
Un sans-grade.
Sans instruction.
Sans pouvoir.
Destiné à être de le chair à canon.
Orphelin très tôt.
Apprentissage de la lecture à 20 ans.

 

Il est au milieu d’une guerre atroce. Comme toutes les guerres.

Et il mourra d’une autre guerre, dans un siècle de bruit et de fureur.
Dans une dynamique d’horreur : détruire, mutiler, torturer, gazer, haïr…

 

Il a eu à peine le temps de vivre cet homme.
Juste le temps de se marier, d’avoir deux enfants, puis mourir au combat.

A 29 ans.

 

L’un de ses fils est mort à la guerre. Aussi. Comme son père.
L’autre est devenu mondialement célèbre: Albert Camus.
Et Albert Camus, prix Nobel de littérature, orphelin à 5 ans, n’oubliera jamais cette phrase qu’on lui a rapporté.

Un des rares «souvenirs» de son père.

« Un homme ça s’empêche »

Sur cette phrase, il bâtira une large part de sa philosophie, de son écriture, de sa vie.

 

Mais revenons au père, à cet obscur Lucien Camus.

 

Cet homme qui comptait pour rien.
Comme ne comptent toujours pour rien les pauvres de la planète.
Les sans-dents.

 

Lucien Camus avait une très haute idée de ce qu’est un homme.
Un être humain.
Un être digne.

Personne ne lui avait appris ça.

C’était dans ses tripes. Dans son âme.

 

En 1906 Lucien Camus fait son service militaire obligatoire.
Il vient juste d’apprendre à lire.

A cette époque, la France mène une politique coloniale au Maroc.
La France et l’Allemagne se disputent le pays.

 

Lucien Camus est « sous les drapeaux ». Il n’a pas le choix.
L’armée française lève un corps expéditionnaire.

 

6 000 hommes débarquent. Lucien Camus fait partie du lot.
Il est accompagné par un instituteur. C’est lui qui racontera.

 

Mitrailleuses, artillerie, aviation … la France sort le grand jeu.
C’est la guerre.

Mais pour Lucien Camus la guerre n’excuse pas tout. Ne permet pas tout.

Il n’a pas laissé beaucoup de souvenirs cet ouvrier agricole à la vie si brève.
On le disait taiseux, facile à vivre, bon, calme, très dur à la tâche et ne se plaignant jamais.

Le voilà donc sur le champ de bataille.

Son détachement campe dans l’Atlas. C’est l’instituteur qui raconte.
Il faut aller relever deux sentinelles.

Lucien Camus et l’instituteur appellent leurs compatriotes.
Personne ne répond.
Lucien Camus et l’instituteur s’approchent.

Sous la lune, ils découvrent les sentinelles décapitées.
Leur sexe dans la bouche.

Le doux Lucien Camus sort de ses gonds.

Décapiter, émasculer, torturer… c’est être indigne du nom d’Homme.
Celui qui fait cela n’est plus un homme.

L’instituteur lui fait remarquer que c’est pareil des deux côtés.
Que la barbarie des locaux répond à la barbarie des troupes coloniales.
Pour lui la loi du talion et la vengeance peuvent tenir lieu de justice.

Mais pour Lucien Camus, le sang n’est pas une bonne réponse au sang.
La torture n’est pas la bonne réponse à la torture.
La barbarie ne peut justifier la barbarie en retour.
La haine ne peut pas guérir la haine. Ni la vaincre.
« Non, un homme ça s’empêche.
Voilà ce qu’est un homme.
Moi, je suis pauvre, je sors de l’orphelinat, on me met cet habit, on me traîne à la guerre, mais je m’empêche.
S’il y a des français qui ne s’empêchent pas, alors eux non plus ne sont pas des hommes »

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On ne nait pas Homme, on le devient.

L’être humain est différent des animaux .

Non seulement il pense, mais et il sait qu’il pense.
L’être humain est le seul animal capable d’analyser sa pensée et ses actes.

 

C’est son privilège.
C’est sa dignité.

On ne peut pas se vanter d’être humain, d’appartenir à la communauté des hommes, si on refuse de revenir sur soi, d’analyser sa pensée.
Et de penser ses actes.

On est pas digne de se dire Homme quand on est juste porté par ses émotions et ses instincts.

N’est pas humain celui qui refuse de penser sa pensée, celui qui aboie, qui assassine ou qui crache.
N’est pas humain celui qui ne dialogue pas, ne cherche pas à connaître, ne cherche pas à comprendre, ne cherche pas à entrer en contact.
Est à peine humain, hélas pour lui, celui qui n’est pétri que de ressentiments, de haine, de vengeance…
On devient humain quand on s’empêche.

On reste humain jour après jour parce l’on veut être sujet de sa vie, et non pas objet de passions tristes qui nous traversent malgré nous.

Albert Camus a faite sienne cette phrase de son modeste père: « Un homme ça s’empêche ».

Toute sa vie il s’est empêché.

Il a refusé la facilité.
Il a incarné le refus de la guerre, de l’hostilité, de la pensée courte, des postures.
Il a refusé la bassesse.

Albert Camus a aussi écrit, dans Noces :

« Ce n’est pas si facile de devenir ce qu’on est ».

Assurément.

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« Qui ne s’interroge pas est une bête, car le souci constitutif de toute vie humaine est celui de son sens ». Arthur Schopenhauer.

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« Une vie sans examen ne vaut pas la peine d’être vécue ». Socrate

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